Vlad - La rage au ventre

Histoire du personnage en 25 lignes minimum.

- Ra... stsveta... li iabloni i grushi...
Po... plyli... tumany nad rekoj...

Dans la forêt silencieuse, un homme avance en fredonnant un air oublié depuis des lustres, dans une langue que pas même lui ne comprend.
Torse nu, en braies de cuir usées, mais nullement gêné par la température qui se rapproche doucement des 0° avec la nuit qui tombe. Ses longs cheveux noirs au vent, et des brindilles dans sa barbe sale. 1m97 pour une bonne centaine de kilos. Et dans ses yeux bleus-gris, un feu à vous glacer le sang.

Sur ses épaules massive, un sanglier dort de son dernier sommeil. Le chasseur solitaire serre les dents sous l'effort, mais demeure impassible. La douleur, c'est pour les faibles. Et tandis qu'il ramène péniblement sa prise au campement, il ne peux s'empêcher de se souvenir...

- Vykhodila na bereg Katyusha...
Na vysokij bereg na krutoj...

Il se souvient de son enfance, dans des terres lointaines, et bien plus froides que celles où il a atterri. Né dans la neige, au cœur de l'hiver, dans les ruines de ce qui avait autrefois été une cité des hommes. Son grand-père, Anton Dimitriov Vassiliev, l'ancien du clan, l'avait baptisé en hommage à ce monument du passé.

Vlad D(imitriov) Vostok.

Il avait passé son enfance avec la trentaine de membre de son clan, des chasseurs nomades, voyageant avec le gibier. Très jeune déjà, il appris à reconnaître les cris des animaux, à repérer les traces des proies, à s'orienter en forêt ou dans la toundra... et à manier le couteau. Autant pour exploiter un maximum de ses prises que pour se défendre.

Alors... à quel moment est-ce que ça a merdé ?

- Vykhodila na bereg Katyusha...
Na vysokij bereg na krutoj...

Ah oui, l'épidémie.

Il avait à peine 15 ans lorsque l'on commença à retrouver des cadavres d'animaux trop jeunes pour mourir de cause naturelle. Alors le clan n'eut d'autre choix que d'entamer « La Marche Blanche », la traversée des terres gelées de l'Ouest. Ce fut 4 années d'amertume et d'une pénible lutte pour la survie. C'est d'ailleurs pendant cette expédition en enfer que l'ancien trouva la mort, happé par la gueule d'une terrible créature noire et blanche, surgie de sous la glace. Son père succomba aux griffes acérées d'un grand ours blanc. Et bien que la viande de la bête permis de nourrir le clan pour plusieurs semaines, elle garda un goût amer.

- Vyk... hodi... la, pesniu zavodila...
Pro... stepno... go, sizogo orla...

Et enfin, au bout de d'une éternité à errer sur les plaines glacées du bout du monde, un rayon de soleil réchauffa le cœur de la petite quinzaine de survivants. La terre ferme, les arbre, et la lointaine contrée verdoyante s'étendait enfin sous leurs pieds. La vie fut plus facile. Continuant de descendre vers le Sud, suivant les troupeaux d'un gibier providentiel... Les années passèrent...

Jusqu'à ce jour maudit.

Parti seul pour couper du bois, il fut pris en traître. À dix contre un. Ces lâches hommes qui vivent dans la montagne creuse. Le combat fut rude, son habilité et sa stature hors normes faisant de lui un formidable adversaire. Mais bien que sa hache fit de nombreuses victimes, le géant du froid n'avait pas gagné.

Il ne se souvient pas combien de temps il fut enfermé. Frappé. Violenté. Et surtout, drogué. On lui injecta de cette substance qui rend les hommes fous de rage. Les hommes de la montagne cherchèrent à en faire leur pantin. Mais son esprit ne céda pas. Alors on augmenta les doses. Encore. Et encore. Et Vlad vécu mille morts.

Jusqu'à ce que son corps, par un miracle absolument impossible à prédire, absorbe la substance. Alors, sans même qu'on lui administre le poison, le guerrier devint une bête. Ce passage, il ne s'en souvient absolument pas. Juste des bruits... des silhouettes... des odeurs... Et quant il repris connaissance, il était couvert de sang, sa hache à la main, au milieu des bois.

- Pro togo, kotarogo liubila,
Pro togo, chi pisma beregla ...

Mais le pire était à venir...

Car il retrouva sa famille. Et un beau jour, pour une raison absurde dont il ne se souvient même plus, il s'engueula avec l'un de ses comparses. Il se mit en colère. Sa vue se troubla...

Et quant il repris connaissance, il était couvert de sang, sa hache à la main, au milieu des bois.

Couvert du sang du clan de nomades qui avaient bravés la glace et la mort pour finir ici, sous les coups de cognée d'un des leurs, rendu fou par une science malsaine.

Et Vlad vécu mille morts, seul dans les bois, hanté par le démon de la colère.

…

Ses yeux s'ouvrent sur les feux de camps dont il se rapproche. La nuit est tombé. Il entend les sentinelles bander leurs arcs. Alors il chantonne de sa voix grave et rocailleuse.

- Rastsvetali iabloni i grushi,
Poplyli tumany nad rekoj...

Vykhodila na bereg Katyusha,
Na vysokij bereg na krutoj.

Les gardiens abaissent leurs armes et laissent entrer le chasseur. Certains viennent le féliciter pour les 80 kilos de viande qui nourriront son nouveau clan.

Une nouvelle famille. À qui il raconta sa malédiction, mais qui l'accueillit quant même.

Étrange famille, qui avait fraternisé avec ces gens tombés du ciel...